Dans un monde où les besoins en compétences évoluent aussi rapidement que les saisons de nos séries favorites, la formation continue s'impose comme un incontournable. Loin d’être épargnés par cette adaptabilité forcée, les travailleurs sur le terrain doivent particulièrement cultiver leur polyvalence en acquérant régulièrement de nouvelles compétences liées aux produits, services, et outils. Pourtant, ces populations sont bien souvent les grandes oubliées des stratégies de formation professionnelle. C’est pourquoi il devient urgent de repenser les stratégies de formation pour les y inclure pleinement et garantir leur montée en compétences. 

 

La nécessité de se former tout au long de la vie

Aujourd’hui, entre le début et la fin d’une formation, de nouveaux métiers se créent et les compétences acquises peuvent rapidement devenir obsolètes. 85% des emplois de 2030 n'existent pas encore, un constat qui ne doit pas constituer une menace, mais un défi à relever : il devient nécessaire d’adopter une culture de l'apprentissage tout au long de la vie. Apprendre à apprendre devient un mantra, une compétence essentielle qui ouvre la porte à l'adaptabilité professionnelle et à l’épanouissement individuel. 

Dans cette ère de transformation rapide, le paradigme de la formation professionnelle évolue, plaçant les apprenants au centre de leur propre développement de compétences. L'individualisation de la formation devient la clé, transformant les apprenants en acteurs proactifs de leur montée en compétences. Cette approche repose sur le principe que chaque individu, avec ses forces et ses faiblesses uniques, doit être en mesure de personnaliser son parcours de formation pour répondre aux exigences spécifiques de son rôle professionnel. Il est ainsi nécessaire pour chaque entreprise, de par ses choix stratégiques, de construire des espaces d’apprentissage et des parcours de formation. 

Un idéal, mais quelle réalité ? Qui sont les profils formés aujourd’hui ? 

La dynamique de la formation s'inscrit aujourd’hui dans une réalité où la fracture entre les travailleurs de bureau (desk) et les travailleurs sur le terrain (deskless) exige une attention particulière.

 

La fracture deskless/desk : comment former les populations terrain ?

L'accès à la formation pour ces travailleurs de terrain est un défi complexe. Souvent perçue comme chronophage et peu attrayante, la formation exclut souvent une partie des salariés. Pourtant, 64 % d’entre eux aimeraient des possibilités de développement et d’apprentissage plus développées.

Les deskless, ou les populations terrains évoluant loin des bureaux, sont souvent laissés pour compte lorsqu'il s'agit de digitalisation et de formation. Qu'ils manœuvrent des machines, gèrent des stocks, soignent des patients ou combattent des incendies, ces acteurs essentiels peinent à trouver leur place dans le monde numérique. Leur possible absence d'adresse e-mail professionnelle et l'absence d'accès à des espaces numériques au travail créent une discrimination digitale aux conséquences multiples. Les populations sur le terrain se sentent exclues, se démobilisent, voire démissionnent, aggravant ainsi la pénurie de main-d'œuvre dans des secteurs déjà tendus. 

 

Formation des populations terrain : les moyens et modalités d’action

La digitalisation de la formation émerge comme une solution flexible et adaptable à divers contextes. Le mobile learning devient l'outil principal, éliminant les contraintes liées à la présence physique en entreprise. L’objectif ? Que les apprenants puissent se former à tout moment et partout. C’est ce « dernier kilomètre de la formation », à savoir les personnes en bout de chaîne, qui ne sont pas dans les bureaux et qui ont besoin d’avoir accès à la formation différemment.

Pour répondre à la mobilité des deskless, les formations doivent donc être pensées pour des dispositifs mobiles, accessibles sans connexion et s'adaptant à la flexibilité des horaires. 

Le mobile learning permet aux apprenants de se former sur des formats digestes, rythmés et percutants. Par exemple, des parcours de microlearning, d’une durée moyenne de 3 à 5 minutes, concrets et impactants, sont particulièrement adaptés pour les populations en déplacement ou sur le terrain. 

La formation des populations de terrain se caractérise également par la diversité des sujets. On pense bien sûr aux hard skills : présentation des produits, gestes techniques précis, gestion des stocks, le savoir-faire est et sera toujours déterminant dans les entreprises. Mais les soft skills sont aussi importantes : par exemple la capacité à communiquer efficacement avec les clients ou les collègues, la résolution de problèmes sur le terrain ou encore la gestion du stress dans des environnements parfois exigeants, les exemples sont nombreux ! Ces compétences relationnelles ne doivent pas être reléguées au second plan, car une combinaison harmonieuse des deux, à savoir les compétences techniques et relationnelles, est essentielle pour garantir le succès et l'efficacité des professionnels sur le terrain.

Suivre des parcours adaptés et progresser à son rythme deviennent des éléments clés pour des populations aux emplois diversifiés. Pour personnaliser l'apprentissage, la création de communautés virtuelles joue un rôle crucial. Les apprenants peuvent y échanger des astuces métier, des "tips", sous divers formats, organiser des challenges, participer à des jeux... C’est aussi, pour des travailleurs souvent isolés, une manière de se sentir intégré au sein d'une équipe ou d'une communauté, renforçant ainsi le sentiment d'appartenance. Dans cet environnement, la gamification émerge comme un moteur d'interaction supplémentaire entre les apprenants. 

Au-delà de la personnalisation et de l'interaction, l'immersive learning, ou apprentissage immersif, transforme la manière dont les travailleurs de terrain assimilent de nouvelles compétences. Plongés dans des environnements virtuels reproduisant fidèlement leur quotidien professionnel, ces apprenants peuvent s'entraîner dans des conditions proches de la réalité. Une technologie donc particulièrement adaptée à ce type d’apprenants. 

L'idée est que le collaborateur soit le plus actif et engagé possible dans son processus de formation.

 

Redonner toute sa place à l’expérience terrain

En permettant aux travailleurs sur le terrain de se former et de progresser, l'entreprise envoie un message fort : chaque collaborateur compte et chaque expérience est précieuse. 

Ces travailleurs sont souvent les premiers ambassadeurs de la marque, étant en contact direct avec les clients finaux. Ils sont aussi le premier levier de performance commerciale, en particulier dans les secteurs du commerce et de la restauration. Leur efficacité opérationnelle a un impact direct sur la réputation et les résultats financiers de l'entreprise. Miser sur la formation des populations terrain, c’est aussi pallier la pénurie de main-d'œuvre. 

La formation pour les travailleurs terrain ne se limite donc pas à l'acquisition de compétences ; elle constitue une affirmation puissante de leur importance et de leur valeur au sein de l'entreprise. 

Au-delà du développement de compétences, former ces équipes revient à leur accorder une visibilité accrue, mettant en lumière leur rôle essentiel au cœur des opérations quotidiennes. C'est reconnaître que leur expertise est une pierre angulaire du succès global de l'entreprise. 

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